25 janvier 2010
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06:05
La souris qui rugissait, de Leonard Wibberley
The mouse that roared, 1955
Publié en français en 1955 aux éditions Fasquelle
Traduit de l'anglais par J.M. Daillet - Illustré par Siné
L'auteur
Leonard Francis Wibberley est un écrivain irlandais, né en 1915 à Dublin, ayant aussi publié sous les pseudonymes de Leonard Holton, Patrick O'Connor ou Christopher Webb. Son œuvre se partage principalement entre le journalisme, la littérature enfantine et des romans moralistes, dans lesquels il traite avec un humour fin de sujets politiques ou éthiques. Sa plus célèbre création demeure le Duché du Grand-Fenwick, contrée imaginaire typiquement britannique vivant au XXe siècle comme en plein Moyen-Âge, cadre de cinq romans : The mouse that roared (1955), Beware of the mouse (1959), The mouse on the moon (1962), The mouse on Wall Street (1969), Mouse that saved the West (1981) (les deux premiers seulement ont été traduits en français). Ses ouvrages les plus célèbres ont été publié en français aux éditions Fasquelle ; on retiendra Feu l'indien de Madame (1957), Passez-moi le président (1958), Vers une île lointaine (1960) ou Le dernier safari (1971). Leonard Wibberley est mort en 1983.
Le livre
Le duché du Grand-Fenwick est un petit État indépendant créé au cœur des Alpes en 1370 par une bande d'archers anglais menée par le téméraire chevalier Roger Fenwick. Peu peuplé et étalé sur trois vallées, il n'attira jamais les convoitises de ses voisins et développa son économie autour du Pinot Grand-Fenwick, un vin prisé des connaisseurs. Mais une formidable expension démographique (de 4000 âmes en 1900 à 6000 en 1950) met en péril l'indépendance financière du pays, qui se divise en deux partis : ceux qui soutiennent le baptême du Pinot, afin d'augmenter le volume à vendre, et les anti-dilutionnistes, farouches conservateurs. La duchesse Gloriana XII tranchera en faveur d'un plan audacieux : déclarer la guerre aux États-Unis, qui ont la curieuse tendance à faire la fortune de leurs ennemis vaincus. Mais, par un concours de circonstance pour le moins burlesque, l'armée d'invasion du Grand-Fenwick débarquera à New York pour une bataille aussi courte qu'épique et dérobera la bombe Q, la plus fantastique arme nucléaire, capable de pulvériser un continent entier. Devenant ainsi la plus puissante nation du monde, le Duché imposera la paix universelle et le désarmement général.
Mon avis
J'ai parcouru ce livre avec ce sourire de délectation que seuls les humoristes anglais savent faire naître. Certes on n'est pas au niveau de PG Wodehouse ou de Pratchett, mais la bouffonnerie développée, avec en fond une critique sociale à la limite du cynisme, rappelle ces films anglais des années 50 tels que Passeport pour Pimlico ou Noblesse oblige (un film a d'ailleurs été tiré de ce roman, avec Peter Sellers !). L'histoire est délicieusement amusante et les détails sont savoureux ; tout le monde passant au crible de l'humour de Wibberley : les grandes nations qui imposent leurs guerres aux petites, les petites qui arrivent enfin à faire entendre leur voix, les Américains qui deviennent des paranos ridiculisés par des chevaliers du XIVe... Je conçois ce court roman comme un petit bijou voltairien, un conte philosophique invitant, par le biais des aventures d'une contrée imaginaire, au pacifisme en pleine Guerre Froide. Et comme d'habitude un peu d'intelligence en ce bas monde fait toujours du bien, surtout quand ça ne se prend pas au sérieux.
Extrait
« Le comte Mountjoy avait espéré qu'il serait inutile d'envoyer les troupes au-delà des murs, et pensait qu'une déclaration de guerre suffirait. On pourrait la faire suivre immédiatement d'un appel au monde entier, puis d'une reddition rapide, et le miraculeux relèvement par le dollar pourrait commencer.
Mais la déclaration de guerre avait été suivie de quatre semaines d'un silence injurieux. N'importe quelle réponse des États-Unis eût été la bienvenue. N'en recevoir aucune était intolérable. [...] Comme il n'y avait pas de représentant américain au Grand-Fenwick, il obtint finalement la permission de la duchesse de se rendre à Lyon, où se trouvait le plus proche consulat des États-Unis en France, afin d'exiger une réponse en bonne et due forme.
Tout le personnel avait paru prendre la chose pour une plaisanterie. La réaction officielle des États-Unis à la déclaration de guerre solennelle du Grand-Fenwick avait été un gros rire du consul, qui avait reconduit Mountjoy à la porte avec une bonne claque dans le dos et cette question pour le moins humiliante :
- Vous connaissez celle de l'éléphant qui rencontre une souris ? »
[C'était une chronique de Jeff].
The mouse that roared, 1955
Publié en français en 1955 aux éditions Fasquelle
Traduit de l'anglais par J.M. Daillet - Illustré par Siné
L'auteur
Leonard Francis Wibberley est un écrivain irlandais, né en 1915 à Dublin, ayant aussi publié sous les pseudonymes de Leonard Holton, Patrick O'Connor ou Christopher Webb. Son œuvre se partage principalement entre le journalisme, la littérature enfantine et des romans moralistes, dans lesquels il traite avec un humour fin de sujets politiques ou éthiques. Sa plus célèbre création demeure le Duché du Grand-Fenwick, contrée imaginaire typiquement britannique vivant au XXe siècle comme en plein Moyen-Âge, cadre de cinq romans : The mouse that roared (1955), Beware of the mouse (1959), The mouse on the moon (1962), The mouse on Wall Street (1969), Mouse that saved the West (1981) (les deux premiers seulement ont été traduits en français). Ses ouvrages les plus célèbres ont été publié en français aux éditions Fasquelle ; on retiendra Feu l'indien de Madame (1957), Passez-moi le président (1958), Vers une île lointaine (1960) ou Le dernier safari (1971). Leonard Wibberley est mort en 1983.
Le livre
Le duché du Grand-Fenwick est un petit État indépendant créé au cœur des Alpes en 1370 par une bande d'archers anglais menée par le téméraire chevalier Roger Fenwick. Peu peuplé et étalé sur trois vallées, il n'attira jamais les convoitises de ses voisins et développa son économie autour du Pinot Grand-Fenwick, un vin prisé des connaisseurs. Mais une formidable expension démographique (de 4000 âmes en 1900 à 6000 en 1950) met en péril l'indépendance financière du pays, qui se divise en deux partis : ceux qui soutiennent le baptême du Pinot, afin d'augmenter le volume à vendre, et les anti-dilutionnistes, farouches conservateurs. La duchesse Gloriana XII tranchera en faveur d'un plan audacieux : déclarer la guerre aux États-Unis, qui ont la curieuse tendance à faire la fortune de leurs ennemis vaincus. Mais, par un concours de circonstance pour le moins burlesque, l'armée d'invasion du Grand-Fenwick débarquera à New York pour une bataille aussi courte qu'épique et dérobera la bombe Q, la plus fantastique arme nucléaire, capable de pulvériser un continent entier. Devenant ainsi la plus puissante nation du monde, le Duché imposera la paix universelle et le désarmement général.
Mon avis
J'ai parcouru ce livre avec ce sourire de délectation que seuls les humoristes anglais savent faire naître. Certes on n'est pas au niveau de PG Wodehouse ou de Pratchett, mais la bouffonnerie développée, avec en fond une critique sociale à la limite du cynisme, rappelle ces films anglais des années 50 tels que Passeport pour Pimlico ou Noblesse oblige (un film a d'ailleurs été tiré de ce roman, avec Peter Sellers !). L'histoire est délicieusement amusante et les détails sont savoureux ; tout le monde passant au crible de l'humour de Wibberley : les grandes nations qui imposent leurs guerres aux petites, les petites qui arrivent enfin à faire entendre leur voix, les Américains qui deviennent des paranos ridiculisés par des chevaliers du XIVe... Je conçois ce court roman comme un petit bijou voltairien, un conte philosophique invitant, par le biais des aventures d'une contrée imaginaire, au pacifisme en pleine Guerre Froide. Et comme d'habitude un peu d'intelligence en ce bas monde fait toujours du bien, surtout quand ça ne se prend pas au sérieux.
Extrait
« Le comte Mountjoy avait espéré qu'il serait inutile d'envoyer les troupes au-delà des murs, et pensait qu'une déclaration de guerre suffirait. On pourrait la faire suivre immédiatement d'un appel au monde entier, puis d'une reddition rapide, et le miraculeux relèvement par le dollar pourrait commencer.
Mais la déclaration de guerre avait été suivie de quatre semaines d'un silence injurieux. N'importe quelle réponse des États-Unis eût été la bienvenue. N'en recevoir aucune était intolérable. [...] Comme il n'y avait pas de représentant américain au Grand-Fenwick, il obtint finalement la permission de la duchesse de se rendre à Lyon, où se trouvait le plus proche consulat des États-Unis en France, afin d'exiger une réponse en bonne et due forme.
Tout le personnel avait paru prendre la chose pour une plaisanterie. La réaction officielle des États-Unis à la déclaration de guerre solennelle du Grand-Fenwick avait été un gros rire du consul, qui avait reconduit Mountjoy à la porte avec une bonne claque dans le dos et cette question pour le moins humiliante :
- Vous connaissez celle de l'éléphant qui rencontre une souris ? »
[C'était une chronique de Jeff].