La voleuse sans ombre, d'Emily Gee
Bragelonne, 2009, 403 pages, ISBN 978-2-35294-264-1
Genre : Romantic Fantasy
L'auteur
Emily Gee est née en Nouvelle-Zélande, d'une mère bibliothécaire et d'un père romancier.
Elle fit des études de Sciences et voyagea pendant plusieurs années (Chine, Moyen-Orient, Scandinavie...) avant de se lancer dans l'écriture de son premier roman.
(source : Google / pour en savoir plus site de l'auteur en anglais)
L'histoire
Grâce à la magie qui coule dans ses veines, la jeune Melke sait se rendre invisible.
Un don partagé par son frère Hantje et qui ferait d'eux des voleurs hors pair, s'ils n'avaient renoncé à cet héritage et refusé de devenir de véritables « spectres » s'enrichissant grâce à des larcins faciles.
Pourtant, un matin, Hantje a franchi l'interdit. Tandis qu'il dérobait les trésors des salamandres, cruelles créatures avides d'or et de pierreries, il s'est fait capturer. En échange de la liberté de son frère, Melke doit à son tour enfreindre sa promesse et voler pour le compte des salamandres un collier détenu par les descendants d'une famille autrefois fière et puissante. Mais ce faisant, elle déchaîne sur eux une horrible malédiction.
Un insupportable dilemme commence alors pour Melke, tiraillée entre la vie de son frère et celle des gens qu'elle doit condamner pour le sauver...
(source : 4ème de couverture)
Mon avis
Bon, disons-le tout net, ce roman m'a laissée un brin perplexe...
Certes, il est agréable à lire avec un style d'écriture fluide. L'histoire est prenante même s'il n'y a pas énormément d'action et les personnages sont attachants. En fait, je l'ai lu en une journée...
Ce qui m'a un peu désorientée, c'est le « genre » de ce roman...
Je m'explique.
Au premier abord, on peut affirmer que l'on se trouve bien devant un roman de Fantasy.
Pour preuve, on y trouve de la magie, ici exprimée par les dons que peuvent avoir les humains (celui de guérir, de communiquer avec les animaux, de se rendre invisible...), qui fait partie de la vie quotidienne – même si en fait, seuls les personnages principaux on l'air d'en être doués. Tout le long du roman, je n'ai trouvé personne d'autre qui en présente le moindre signe – à par la malédiction pesant sur la famille Val Sere.
On y trouve aussi un bestiaire fantastique composé de 4 types (les Lamies, les Psaarons, les Griffons et les Salamandres) associés aux 4 éléments naturels (Terre, Eau, Air et Feu). Par contre, on ne sait trop quels rapports exacts ils entretiennent avec les humains à part ceux de les faire souffrir...
En fait, c'est justement ce qui change par rapport aux romans Fantasy que j'ai pu lire auparavant...
Ici, pas de carte, pas de représentation géographique précise de ce monde – tout juste sait-on qu'on se trouve dans la région de Bresse, territoire apparemment plutôt rural situé près de la mer, et que Melke et Hantje viennent de loin, d'une région appelée Stenrik, terre froide et rocailleuse.
De même, pas de description détaillée des sociétés qui le peuplent, de leurs croyances, de leurs dieux et de leur culture en général – on apprend seulement qu'à Stenrik, ils brûlent les « Spectres » (ceux qui ont le don d'invisibilité) alors que les « Bressois (?) » sont plus tolérants même s'ils trouvent cette magie méprisable.
En fait, en lisant ce livre, j'ai eu l'impression de regarder une photographie, un instantané où l'on voit relativement bien un lieu que l'on devine appartenir à un monde plus vaste mais sans avoir la possibilité d'en apprendre plus...
Mais en réalité, ce que j'ai ressenti au terme de ma lecture, c'est qu'avant d'être un roman de Fantasy, La voleuse sans ombre est surtout un roman d'amour – ceci sans aucun jugement péjoratif, la « Romance » étant un genre littéraire à part entière, très populaire quoique très peu respecté – où les « codes » de la Fantasy ne sont là que pour « encadrer » cette histoire qui aurait pu se passer n'importe où...
En effet, ici se sont les protagonistes principaux, leurs sentiments, leur psychologie qui sont mis en avant.
Bastian et Melke.
Il la déteste et la méprise les 2/3 du roman mais il apprend peu à peu à la connaître, notamment grâce à son chien Endal avec qui il peut communiquer et qui sait reconnaître les émotions humaines. Après qu'elle eu accepté de se sacrifier pour que soit levée la malédiction, celui-ci subit aussi mille tourments pour la sauver.
À la fin, il reconnaît qu'il éprouve une véritable affection pour elle, qui est bien sûr réciproque...
Liana (sœur de Bastian) et Hantje.
Elle l'a soigné sans le juger et grâce à son don qui lui permet de lire dans les cœurs, a apprit à l'aimer et le fait qu'il accepte de subir la torture du Psaaron à sa place n'a fait que renforcer ses sentiments...
Bien sûr, il ne se trouve pas digne d'elle, la repousse avant d'accepter son amour avec la bénédiction de Bastian.
On peut quand même être un peu déstabilisé par le hiatus entre les scènes de questionnements amoureux des protagonistes qui ont plutôt un style « fleur bleue » et les scènes des épreuves qu'ils doivent traverser qui sont un tantinet plus « hard » (viols, tortures...).
En conclusion, je dirais que pour un premier roman c'est plutôt une bonne surprise même si le genre « romantique » n'est pas mon préféré. Voici une histoire pleine de fraîcheur, de bons sentiments et résolument optimiste. On peut espérer que la partie « Fantasy » se développe au fur et à mesure de ses prochains livres...
E. Gee en a apparemment écrit deux autres mais je ne sais pas s'ils ont été traduits en français.
Cette chronique de lecture est originellement parue le 4 février 2011 dans Le petit monde de LucilleA, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de LucilleAnne.