La couleur tombée du ciel, de H.P. Lovecraft
Gallimard, Folio SF, ISBN 978-2070415809
Adapté en BD par Alberto Breccia, au cinéma par Daniel Haller (Le messager du diable - 1965 - avec Boris Karloff dans le rôle de Nahum).
La traduction de Jacques Papy tronquait le texte, la fin principalement, en 1991, pour les éditions Robert Laffont cette traduction fut révisée et augmentée par Simone Lamblin.
4 nouvelles : La couleur tombée du ciel, L'abomination de Dunwich, Le cauchemar d'Innsmouth et Celui qui chuchotait dans les ténèbres. Re-relues dans le cadre du défi Littératures de l'imaginaire sur les 5 continents.
Arkham est un village perdu dans un paysage quasi inexploré tant la nature semble refuser l'implantation humaine et si quelques familles vinrent s'y établir ce fut pour en acquitter un prix tel qu'en repartir devint impossible. Une région de secrets où le temps s'amuse, où la lumière est timide et la Création libre d'y expérimenter ce qu'elle se retient de faire ailleurs.
Une lueur incompréhensible traverse le ciel, une météorite tombe à proximité du village, il suffira de peu de temps pour que des faits inquiétants se produisent, que cette lueur rampe, dévorant tout autour d'elle jusqu'à atteindre les maisons... et leurs habitants !
À la différence de Poe qui se détachait du réel HPL lui tente de le définir afin d'accroître le sentiment de malaise par le contraste d'un cadre possible et d'événements improbables qui eux ne sont jamais définis, et comment le pourraient-ils n'est-ce pas ? Cette couleur serait-elle une forme de vie venant du fond de l'univers, pire encore ? Le plus simple est encore d'aller y faire un tour, rien de plus facile, un livre, un fauteuil et un peu de curiosité. Pas de gore dans ces textes mais un climat générant le malaise face à des êtres dont nous nous savons proches, en souhaitant le contraire, et l'envie de se demander : Et si c'était... ? La raison veut dire non, l'intellect ricane mais, venant de plus loin encore, un rire résonne en nous.
Vous ne l'entendez pas ? Tant pis, pour vous !
Contes d'un sorcier de l'imaginaire dont l'enfance ne sut, ou ne put, jamais mourir vraiment mais libère le doux poison de rêves hideux dans une âme assoiffée. La vie qui rôde dans ces contes n'est pas amicale, les « dieux » qui tournent autour de nous ont des desseins compréhensibles par certains, ainsi ai-je dû leur faire allégeance pour rédiger cet article sans quoi... Mais je ne peux en dire plus, Nyarlathotep lit par-dessus mon épaule, s'il est satisfait j'aurai le droit de consulter, à mes risques et périls, le Necroleeronicon.
Ce recueil est idéal pour qui souhaite arpenter les mondes lovecraftiens, quatre textes seulement comme pour dessiner une porte sur une œuvre unique malgré les auteurs, nombreux, qui s'en inspirèrent, de Robert Bloch à Stephen King sans oublier un (in)certain LEE Rony (heureusement HPL est mort depuis longtemps). Ce n'est pas un hasard si souvent le narrateur de HP doute de sa santé mentale et devine que son texte achevé son esprit cédera à un savoir intolérable.
Pour présenter, rapidement, Howard (je le connais depuis longtemps) je me contenterai de dire qu'il naquît à Providence le 20 août (un signe envers moi ?) 1890 et y mourut le 15 mars 1937, d'un cancer de l'estomac. Loin de l'image de solitaire que véhicula en France Jacques Bergier, il aimait à voyager, dans la mesure de ses faibles moyens et écrivit des dizaines de milliers de lettres. Outre ses œuvres, publiées pour la plupart dans Weird Tales, il corrigeait les travaux d'auteurs moins doués que lui mais plus aptes à gagner de l'argent. Sa vie ne fut pas un roman et pourtant...
Cette chronique de lecture est originellement parue le 8 février dans Lire au nid, blog sur lequel vous pouvez lire d'autres articles de Lee Rony.